À PROPOS
Michel Calvairac (Mic) – Photographies « ABSTRACTION COULEURS »
Influences, rôle et choix des matériaux, des supports, thèmes, évolution du travail, etc.
De la photographie plasticienne…
Autodidacte, j’ai pratiqué la photographie depuis mon jeune âge, de la prise de vue au développement, en noir et blanc, couleur, argentique et numérique.
J’ai touché à de nombreux domaines : portrait, photo-reportages, spectacles… mais mon travail artistique s’est peu à peu orienté vers un regard et une approche plus « plastique » de la photographie. Mes expériences cinématographiques, picturales (dessins et peintures), numériques, mes rencontres avec l’univers photographique de Andreas Gursky, Zimmermann, Dolorès Marat, Stéphane Couturier, William Eggleston, Bill Brandt, Walter Niedermayr, m’ont conduit à évoluer dans mon approche de la photographie.
Ajoutez à cela, une forte attirance pour l’abstrait et le surréalisme en peinture.
Je me suis ainsi engagé dans la voie d’une certaine abstraction visuelle et plastique où chaque photographie ou groupe de photographies est mis en scène. C’est ce travail que je présente plus particulièrement à travers l’exposition « ABSTRACTION COULEURS ».
Le sujet est la photographie elle-même
Ce travail est basé sur un regard « plastique » de la photographie, ceci dès la prise de vue. La photographie présentée n’est plus tout à fait une photo, elle est mise en situation, elle est devenue tableau. Mon but : créer une harmonie de surfaces colorées, élégamment composées, qui flirte avec l’abstraction. Le sujet est la photographie elle-même.
A travers ce travail, j’ai abandonné le reportage, me détournant de la réalité trop présente, pour une démarche finalement plus distante, plus artistique. J’utilise le réel pour créer l’abstrait, le poétique, sans artifices, sans trucages. Plus le monde devient matérialiste, paradoxalement, plus la poésie se révèle dans l’image.
Tournée vers l’abstraction
Le cœur de ce travail consiste essentiellement à tester les différentes possibilités formelles proposées par la photographie, seule ou en utilisant des artifices que j’appelle « de la mise en scène ». Cette recherche formelle est exclusivement tournée vers l’abstraction.
Le résultat vise à créer chez le spectateur un trouble, lié au sentiment de pouvoir identifier les formes et les couleurs des photographies comme étant issues du monde sans pour autant être capable de les nommer, de les comprendre, avec certitude.
Je ne souhaite pas une lecture trop rapide, trop facile de l’oeuvre. Je veux que le spectateur s’interroge, soit intrigué, que sa mise en scène ajoute à l’énigmatique. Je veux l’interpeller visuellement, qu’il soit touché.
Les titres des œuvres ne disent rien sur l’image, sur ce que regarde le spectateur. Dans « Sète », certains y voient un oeil, ont le sentiment d’être regardé, épié. Ce ne sont plus des cordages entremêlés qui sont vus, mais un regard qui fixe. Mais ça n’est qu’une interprétation, pas ce que j’ai voulu proposer. C’est ce contraste entre l’imagination du spectateur et la réalité que je recherche. Je souhaite que chacun y trouve son inspiration, son émotion, sa sensibilité. Je veux que chacun discute avec lui-même, avec les autres avant de revenir à une réalité à travers le titre.
J’invite parfois au jeu, visuellement (y’a-t-il un montage couleur et noir et blanc (Arlempdes – printemps)), mais aussi réellement en reprenant en grand format le principe du puzzle (Plage de Nazaré – été), qui invite à composer sa propre image, à partir de multiples petites images qui se suffisent seules.
Dans un monde du digital, du virtuel, du facilement retouchable, dans un monde où l’image est accessible à tous, où l’image est au centre de tout, je détourne la photographie sans jamais la retoucher. Tout se décide à la prise de vue : le hasard d’être là, et l’inspiration créative du moment, soit déjà très précise, soit de la matière en devenir… Le processus est immédiat ou il a besoin de se nourrir, de grandir, comme une seconde révélation. Ce qui explique parfois la différence entre la date de prise de vue et la création (ou déclaration) de l’œuvre.
L’appareil toujours à portée de main, je pratique une photographie classique, sans trucages, me contentant de capter des images au fil de voyages, rencontres, etc.
J’aime prendre des détails, des situations qui échappent le plus souvent au regard et j’y apporte une histoire, une autre histoire, une lecture graphique, esthétique, poétique.
« Port d’Essaouira – hiver », cette œuvre diptyque, constituée de deux photographies positionnées côte à côte, apparaît immédiatement dans son organisation symétrique. Les deux parties de l’œuvre se renvoient l’une à l’autre. Séparez-les, l’impact visuel ne sera plus le même.
Matière première : la photographie
Ma matière première n’est pas ici la peinture, mais la photographie. Je considère la photographie comme ma matière première, je la prends telle quelle, brute, ou je la mets en scène pour apporter de l’abstraction, de l’impact visuel. Le choix du matériel d’encadrement (bois, métal), des couleurs, le choix des formats, des découpes, n’est pas issu du hasard, il vient en résonance avec la photographie initiale.
Dans cette mise en scène, il y a aussi peut-être inconsciemment l’idée de casser l’un des principes mêmes de l’image photographique, qui géométrise tout, isole son sujet dans un cadre rectangulaire. Ici, on a un sentiment de liberté, d’hors cadre…
La photographie comme « matière première » est d’autant plus vraie lorsque je chiffonne, découpe, je déchire, je superpose les éléments pour en créer une œuvre. Voir « Déchirures #1 - Aubrac », « Décomposition florale ». Mais elle est « matière première » tout simplement lorsqu’elle est présentée telle que, en grand format. Voir série « Vendôme ». Ou encore j’ai notamment créé des séries de petits formats carrés ou ronds : je joue avec les formes. L’ensemble de la série constitue l’œuvre (voir Série Couleurs Carrés ou Couleurs ronds), mais elles fonctionnent également séparément.